Archives et patrimoine de Gennevilliers

Une paroisse de 700 ans

Gennevilliers ne devint une paroisse qu'en 1302. Une reconnaissance administrative pour la future commune.

  • A l'époque - et jusqu'à la Révolution - le pouvoir civil du roi et de ses vassaux n'intervenait pas directement dans la délimitation administrative des villages : seul comptait pour lui le partage du territoire en fiefs plus ou moins importants et étendus, accordés à la noblesse selon le système féodal. Gennevilliers comptait plusieurs fiefs, concédés à des petits nobles ou à des personnalités ecclésiastiques par le seigneur du lieu, l'abbaye de Saint-Denis. C'était en fait le pouvoir religieux qui, rassemblant une communauté humaine autour de l'église, fixait les limites à l'intérieur desquelles s'étendait l'apostolat d'un prêtre : la paroisse. Compte tenu de l'étendue des terres non habitées qui entouraient les villages d'Asnières, de Gennevilliers et du hameau de Villeneuve, ces limites étaient souvent floues et ne furent définitivement reconnues qu'au XIXe siècle. Pour sa part, Villeneuve-la-Garenne, jusqu'alors un hameau de Gennevilliers, ne fut érigé en commune distincte qu'en 1929.
  • Tout semble prouver - en particulier la toponymie (science qui explique l'origine des appellations de lieux ou lieux-dits) - que le territoire de Gennevilliers fut habité depuis au moins l'époque gallo-romaine. Nombre de noms sont d'origine gauloise ou franque. Sa population aurait toujours été, et jusqu'au milieu du XIXe siècle, plus nombreuse que celle d'Asnières. Celle-ci se développa rapidement grâce à la ligne du chemin de fer de Paris à Saint-Germain, alors que Gennevilliers ne fut desservi qu'en 1909. A l'époque qui nous occupe - le XIVe siècle - le prévost représentant l'abbaye de Saint-Denis, pour l'Est de la boucle de la Seine, résidait et rendait la justice à Gennevilliers. On est alors en droit de s'interroger sur le fait qu'avant 1302 le pouvoir religieux, la paroisse, ait eu son siège à Asnières et non à Gennevilliers. Faute de documents, l'historien en est réduit aux hypothèses.
Le fait et son contexte
  • En 1302, Gennevilliers est donc érigé en paroisse. C'est là la reconnaissance tardive de la présence en ce lieu d'une communauté humaine stable, par l'Église mais aussi par le pouvoir civil.
  • Depuis 1285, Philippe le Bel est roi de France. Il s'agit d'un personnage de grande taille, très beau (d'où son surnom) à l'allure impressionnante, distant, impassible et glacé selon le portrait qu'en ont laissé ses contemporains. C'est aussi le premier " homme d'État " qu'ait connu notre pays. Son règne rompt avec le système féodal médiéval qui servait de cadre politique indistinct à ce qui va devenir la France. C'est le premier roi souverain qui se considère comme un être à part, d'une nature différente, selon lequel toute rébellion est sacrilège.
  • Il n'aura de cesse d'affirmer son autorité envers les grands féodaux, en s'appuyant sur la bourgeoisie des villes, et envers les confréries ecclésiastiques, en particulier les Templiers dont il récuse et convoite la puissance économique. Le procès qu'il leur intentera ne repose sur aucune base solide ; les prétendus crimes qui leur sont reprochés n'ont été avoués que sous la torture. La seule vraie raison qui ne sera jamais invoquée, c'est qu'ils échappaient à l'autorité royale. La volonté de Philippe le Bel d'une totale souveraineté sur le royaume de France, l'oppose également et violemment au pape Benoît VIII. Ce dernier n'est pas seulement " gouverneur des âmes " de la chrétienté, il est aussi le chef très temporel de l'État pontifical, lequel couvre toute l'Italie centrale, de la Méditerranée à l'Adriatique. Benoît VIII, depuis 1296, affirme des prétentions théocratiques, voulant régir les rois eux-mêmes. De plus, il entend affermir sa mainmise sur l'Église de France. Or, pour Philippe et ses juristes, cette Église ne dépend que du roi de France.
  • Le conflit, latent depuis une quinzaine d'années, éclate au début du XIVe siècle, à l'occasion d'un incident : Benoît VIII vient de nommer évêque de Pamiers, un prélat nommé Bernard Saisset, sans en référer au roi. Le nouvel évêque, sans aucun doute mis en place à cet effet, se lance dans une virulente campagne contre Philippe le Bel et propose aux féodaux du Midi de constituer une vaste principauté indépendante de la France. Le roi le fait arrêter. Il réunit les représentants des trois ordres en avril 1302 à Notre-Dame de Paris et fait approuver sa politique vis-à-vis du pape. Pour obtenir le soutien de l'Église de France dans ce conflit, on sait que le roi a dû répondre favorablement à quelques revendications anciennes de celle-ci : il ne fait pas de doute que l'avènement de Gennevilliers, en paroisse distincte de celle d'Asnières, a fait partie de leur accord.
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